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Juste une illusion
Thierry Dreyfus éclaire les défilés d'Helmut Lang, Marni ou Ann Demeulemeester. En dominant l'insaisissable, il fait de la lumière un vecteur d'émotion. Par Marie Pointurier-Dec/Jan 2001
«The Beauty of her, under ellectric light.» La voix intense de PJ Harvey se mêle à la marche des walkyries rock d'Ann Demeulemeester. Derrière sa console, le light designer Thierry Dreyfus diffuse son alchimie secrète de filtres teintés en suivant d'obscurs schémas où lignes horizontales croisent verticales et diagonales. Un enchevêtrement de faisceaux lumineux savamment orchestré pour éclairer à la fois la peau et les cheveux, la maille, le coton ou le cuir, le mai et le brillant, le blanc et le noir, le rouge et le prune...
Thierry Dreyfus met en lumière comme on met en scène et envisage chaque défilé comme une rencontre de sensibilités. «Il y a les techniciens et il y a Thierry Dreyfus », précise Alber Elbaz, avec qui il a collaboré pour Yves Saint Laurent et Krizia Top. Il poursuit : « Je l'admire pour sa lumière, toujours explicite, et pour les émotions qu'elle suscite, l'histoire qu'elle raconte. Thierry Dreyfus est un artiste. Il met des mots sur une abstraction et ces mots sont autant de moments d'inspiration » Autodidacte, Thierry Dreyfus a commencé à 19 ans. Il assistait un ami éclairagiste au Théâtre national de Strasbourg. Il raconte : « Par la lumière, on donne vie à un espace originellement noir et vide. C'est ce sentiment de créer à partir de rien qui M'a tout de suite fasciné. »
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