Visionnaire, le travail de Thierry Dreyfus commence pourtant bien avant les semaines de collections. Ce sculpteur de lumière se rend préalablement chez chacun des créateurs qui l'ont choisi pour leur show. "Lors de la première réunion, poursuit-il, j'observe, j'écoute l'idée de base du designer, je retiens ses mots, mais j'essaye aussi de deviner ce qu'il ne dit pas. Je fixe attentivement son univers, son bureau et son éclairage. Je regarde son travail aussi, ses croquis, ses vêtements, ses mannequins. J'obtiens ainsi une idée plus précise de ce qu'il est et de ce qu'il veut." Acteur privilégié, les plus grands lui montrent l'envers de chaque collection, leurs images d'inspiration, les prototypes. Chaque "confession" recueillie puis décryptée, commence un patient travail de mise en scène. Ici, tout compte : la salle, la "boîte" que va dessiner la lumière autour du podium, mais aussi la façon dont elle va se réfléchir sur les murs, le sol, le plafond, les vêtements, les maquillages, etc. Subtil et précis, l'art de l'éclairage ne doit pas dénaturer les vêtements. Il faut que le rayonnement lumineux puisse respecter trois types de blancs différents ou cinq textures de noirs...
Parfois, Thierry Dreyfus se concentre sur la lumière seule, mais plus fréquemment, son sens de la perfection et l'oreille attentive que lui prêtent les créateurs, le font intervenir sur l'environnement complet du défilé. Il dessine donc aussi des podiums, des sièges, des bancs, des décors, des projecteurs où même les suspensions qui vont les porter. "À peine entré dans la salle du défilé, on doit ressentir une sensation unique, une atmosphère originale, indique-t-il encore. Mais cet éphémère doit être partagé et impressionner les vidéos et les millions de clichés qui seront pris durant les 15 ou 20 minutes de la présentation."